Alors que l’Office national de la météorologie annonce la persistance du mauvais temps : Quatre morts et d’importants dégâts

octobre 31st, 2007

Quatre personnes ont trouvé la mort dans des inondations provoquées par les pluies torrentielles qui se sont abattues ces dernières quarante-huit heures sur le nord de l’Algérie, selon un bilan fourni par la Protection civile et annoncé par l’APS.

Une personne est morte hier noyée après avoir été emportée par les eaux en furie d’un oued dans la région de Médéa. Les inondations ont également fait deux morts lundi dans la région de M’sila. Dans cette même zone, un sexagénaire a péri dans l’effondrement de la toiture de son étable alors qu’il tentait de secourir son troupeau.

D’autre part, un mur de soutènement de l’hôpital de Aïn El Hammam (Tizi Ouzou) et une niche à oxygène du même établissement sanitaire ont été détruits par des éboulements de détritus provenant d’une décharge publique non contrôlée et charriés par les trombes d’eau. Plusieurs routes nationales ont été coupées à la circulation à travers des wilayas du centre et de l’ouest du pays. La route nationale reliant Blida et Médéa est coupée à la circulation au point kilométrique 65+200 dans la commune de Chiffa, en raison d’un glissement de terrain.

A Aïn Defla, la route nationale n°65 reliant cette wilaya à celle de Tissemsilt est coupée à la circulation à hauteur du pont de Oued Tikezal, commune d’El Attaf, en raison de l’effondrement du pont de Oued Tikezal. Dans la wilaya de Tiaret, le chemin de wilaya n°1 reliant les communes de Meghila et Sebt est coupé à la circulation au lieu-dit Sahaouria, commune de Meghila, à cause du débordement de Oued Rhiou. Les services de la Protection civile de Tlemcen ont effectué, à la suite de ces intempéries, près de 32 interventions au niveau des quartiers concernés où des habitations ont été évacuées et leurs occupants mis à l’abri.

Les gens ont ressorti leurs parapluies, écharpes et manteaux. Selon la météo algérienne, le temps n’est pas près de devenir plus clément. L’instabilité persistera « jusqu’à jeudi à la mi-journée ». Dans un bulletin spécial, l’ONM avertit que les régions concernées sont Oran, Mostaganem, Relizane, Mascara, Tissemsilt, Chlef, Aïn Defla, Tipaza, Blida, Médéa, Alger, Boumerdès, Bouira, Tizi Ouzou, Béjaïa et Jijel. Si les « pluies seront entrecoupées temporairement de périodes d’accalmie », il est conseillé aux citoyens la plus grande prudence notamment lors de leurs déplacements en ville ou par voiture où les excès de vitesse sont à éviter.

Des rafales de vent sous orages de 60 à 80 km/h accompagneront ces pluies. Les signes avant-coureurs de l’automne, saison de froideur et de noirceur, étaient déjà dans l’air depuis quelques jours : chute des feuilles, baisse de la température et diminution de la longueur des jours. L’ONM considère qu’il s’agit d’une situation « normale » pendant cette saison d’automne « souvent marquée par ce genre d’activité orageuse », explique-t-on.

Les prévisions pour aujourd’hui font apparaître un temps relativement froid et instable avec des averses de pluie parfois orageuses dans les régions du Nord. Il y aura des passages nuageux avec quelques pluies sur les régions du Sud. La mer sera agitée à l’Ouest et forte au Centre et à l’Est.

Kamel Benelkadi

Joseph Ged. Directeur général de Wataniya Télécom Algérie (WTA) : « Il y a 8 millions d’abonnés qui tournent entre les trois opérateurs »

octobre 31st, 2007

- Vous êtes entré dans la quatrième année d’exercice. Dans quelle phase de développement se trouve actuellement Nedjma ?

- La compagnie a obtenu la licence en 2003. Tout au long de 2004, il y a eu beaucoup de travail pour le déploiement du réseau et la création de la compagnie. Le lancement commercial s’est fait le 25 août 2004 dans cinq wilayas avec 140 sites, 200 à 300 points de vente et quelques boutiques propres. Nous avons atteint en l’espace de quelques mois 10% des parts de marché et près de 280 000 abonnés. A partir de là, c’était la course contre la montre, en 2005 et 2006 et jusqu’à aujourd’hui, pour développer le réseau et être dans la quasi-totalité du pays le plus rapidement possible. 2005 était une autre bonne année pour Nedjma qui a fini à 1,5 million d’abonnés. En 2006, nous avons doublé le parc d’abonnés pour atteindre presque les 3 millions. Du point de vue du nombre de sites, nous sommes aujourd’hui aux alentours de 2000 sites avec 85% de la population couverte. La compagnie compte aujourd’hui 1500 employés avec un chiffre d’affaires qui a augmenté d’une façon phénoménale.

- Nedjma a opté dès le départ pour le multimédia. Ce choix a-t-il été réellement judicieux ?

- Nedjma s’est positionnée en multimédia et en pôle innovateur en 2004. Après trois ans et demi, nous avons constaté que les choix étaient bons. Comme tout opérateur entrant, on devait se différencier des autres opérateurs existants. Sur la couverture, ce n’était pas possible. Sur le plan tarifaire, il y a toujours un jonglage qui fait en sorte qu’un compétiteur peut être plus cher aujourd’hui, moins cher demain ; autrement dit, le tarif n’est pas une dimension fiable de différenciation. Il nous restait donc l’élément différentiel multimédia, technologie et innovation. Avec le temps, notre positionnement est devenu une réalité. C’était un positionnement stratégique. Aujourd’hui, le parc d’abonnés chez nous qui sont équipés de téléphones multimédias est d’environ 50%. Ce qui est une proportion très élevée, même comparée à ce qui existe sur les marchés internationaux. Il y a eu un benchmark l’année passée fait par une compagnie indépendante pour le groupe Wataniya qui, sur le critère multimédia, a classé Nedjma en très bonne place. Nous avons décidé depuis quelques mois de prendre ce multimédia et d’offrir des services et des produits adéquats qui répondent aux besoins des consommateurs. L’autre élément différentiel chez Nedjma, c’est de pouvoir proposer des produits comme la clé internet. Nous allons continuer à faire ce genre de produits.

- A propos de l’accès à l’internet, les débits de connexion à travers le réseau mobile ne sont pas assez élevés pour susciter l’engouement des consommateurs. Quel est votre avis sur ce sujet ?

- La technologie que nous avons aujourd’hui est la plus avancée, mais elle a certainement ses limites. Dans tout marché, le taux d’apprentissage est autour de 5 ans. Avec le taux de pénétration entre mobile et fixe en Algérie et avec les services data disponibles aujourd’hui à travers l’infrastructure des télécommunications que se partagent les trois opérateurs, la courbe d’apprentissage sur le marché algérien est très accentuée. Aujourd’hui, les consommateurs nous demandent à avoir des débits additionnels. Quand nous avons lancé notre nouveau produit, nous avons eu un succès très important. Une fois que le consommateur s’habitue à une vitesse, il veut toujours avoir un débit encore plus grand. Nous sommes aujourd’hui en pleine planification pour augmenter les débits à travers l’infrastructure et la technologie existantes. Nous sommes très intéressés par la 3G (troisième génération) qui j’espère va arriver dans les prochains mois ou au début de l’année prochaine. Avec la 3G, ou la 3G plus, il y aura un très grand débit mobile qui pourrait aller de 100 kb/s que nous avons aujourd’hui à 1 et même 2 mb/s. Avec la flexibilité d’une clé ou d’une carte PCMCIA et avec ce débit-là, je pense que les consommateurs vont être très satisfaits. L’opportunité de ce point de vue-là s’annonce très bonne. Si nous prenons aujourd’hui quelques chiffres, nous constatons que le taux de pénétration de l’internet en Algérie est de 11%. Quant à celui du mobile, il avoisinera à la fin de l’année les 55%, selon nos estimations. Indépendamment des chiffres, nous constatons que le marché du mobile représente quasiment 6,5 à 7 fois le fixe. Avec un taux de 11% d’accès à l’internet, il y a une très grande opportunité à ce qu’une bonne partie des consommateurs va accéder pour la première fois à l’internet à travers le mobile et non par le fixe. Chose qui n’est pas nécessairement comparable avec les marchés européens, canadiens ou américains.

- Quelle appréciation faites-vous du marché algérien de la téléphonie mobile ?

- Je dirais que chaque marché a ses spécificités. Pour ce qui est de l’Algérie, je pense que l’ouverture du secteur de la téléphonie mobile a été une réussite. Il y a eu un boom phénoménal en l’espace de quelques années qui a fait de l’Algérie un leader en télédensité dans le Maghreb. Il y a à peine une année, il n’y avait pas, dans le Moyen-Orient et au Maghreb, de marché dans lequel opéraient trois opérateurs mobiles, sauf en Algérie. C’est très difficile et complexe d’ouvrir le marché à trois opérateurs. Il faut beaucoup de lois, de la réglementation et du contrôle. Grâce à cette ouverture, le marché algérien est passé de 1 million d’abonnés à presque 20 millions aujourd’hui. C’est la compétition entre les trois opérateurs qui a fait que l’ouverture a été réussie.

- Pourquoi il n’y a pas une tarification à la seconde, comme cela se fait ailleurs ?

- Nedjma a lancé la tarification à la seconde, mais après la première minute pleine. Avant nous, la tarification était des minutes pleines. Nous avons l’un de nos produits qui est la 55 qui a une tarification à la seconde et il est sur le marché.

- Les chiffres avancés par les opérateurs mobiles sur le nombre de leurs abonnés semblent exagérés. Comment calculez-vous le nombre de vos abonnés ?

- Les chiffres officiels du marché sont publiés par l’ARPT. Ce sont des chiffres qui sont envoyés par les opérateurs. Selon les règles de comptage de chaque opérateur, les chiffres sont bons et bien calculés. Si nous prenons notre règle de comptage qui est de standard international publiée dans nos rapports financiers et qui se trouve être la même que celle de nos amis d’Orascom, nous obtenons des chiffres qui sont inférieurs de 10 à 15% à ceux annoncés officiellement. Ce qui n’est pas très grave. Pour nous, notre base de calcul est journalière. Elle est basée sur les règles de comptage que nous publions dans nos rapports financiers. Nous faisons le nettoyage de notre base d’abonnés quotidiennement. Si on désactive un client, on le décompte. Et si nous avons un appel de notre client, nous l’ajoutons à la base des abonnés. La meilleure preuve de ce que nous avançons réside dans le premier trimestre 2007, où notre total d’abonnés a baissé et nous l’avons mentionné dans nos états financiers. Nous avons eu une croissance négative. Nous avons perdu des abonnés parce qu’il y a eu un dérapage suite à la guerre tarifaire. Il a fallu quelques mois pour nous ajuster et nous aligner sur les nouveaux tarifs.

- La fidélité des consommateurs aux opérateurs mobiles semble poser problème en Algérie…

- Effectivement, les consommateurs ne sont pas très fidèles à leur opérateur ou plutôt à leur numéro. A l’intérieur même du même opérateur il change de numéro. Ceci ne va pas continuer de façon indéfinie. Je pense que si nous prenons le marché comme une pyramide basée sur le pouvoir d’achat de chaque couche de consommateurs, nous constatons que la couche la plus haute (high end) est plus ou moins stable. Les consommateurs composant cette couche ne tournent plus dans le marché. Pour ce qui est de la couche des nouveaux consommateurs rentrants (low end), nous constatons que le taux de mouvement (churn) est très élevé. Nous pensons qu’avec le temps, même cette couche de consommateurs va se stabiliser. L’effet churn est un effet qui va continuer pendant quelques années parce c’est un cycle. Avec le temps aussi, la guerre tarifaire et celle des promotions vont se calmer. Les gens vont s’habituer à leur numéro car ils vont avoir de plus en plus de contacts qui connaissent ce numéro.

- A combien estimez-vous actuellement le nombre de mouvements de consommateurs dans le marché algérien ?

- Nous estimons à 8 millions par an le taux de churn (mouvement) du marché algérien. Autrement dit, il y a 8 millions d’abonnés qui tournent entre les trois opérateurs. Ils peuvent aussi tourner et bouger au sein du même réseau. Cela représente un taux très élevé. Il y a certainement des actions à prendre pour fidéliser et retenir ces clients. ça coûte très cher à l’opérateur d’attirer un client, il y a beaucoup de coûts. Il y a le prix de la puce, la commission du distributeur et du point de vente, le prix de la communication proposé pour attirer le client… Cela prend des mois pour rentabiliser un client.

- Les consommateurs dans les pays développés ont la possibilité de garder le même numéro tout en changeant d’opérateur. Pourquoi ce n’est pas le cas en Algérie ?

- On aimerait bien avoir cela très prochainement dans le marché. Cela se fait dans les marchés développés. Le numéro n’est pas la propriété de l’opérateur, il appartient à l’Etat. C’est le cas pour la fréquence où nous payons la licence pour l’utilisation du spectre. Nous avons accès à l’usage de ce spectre pendant la durée de la licence. Pour le numéro, c’est pareil. L’Etat attribue des blocs de numéro à chaque opérateur qui à son tour les met à la disposition des clients. Dans beaucoup de pays, le client a le droit de conserver son numéro et de changer d’opérateur et même de produit. C’est ce que nous appelons la portabilité des numéros. Cela nécessite pas mal de technologies d’intégration, c’est un peu complexe de l’implémenter. Notre souhait, c’est que l’autorité pousse à la portabilité des numéros le plus vite possible et donner le privilège au client de faire le bon choix indépendamment du numéro. Beaucoup de clients veulent changer d’opérateur mais le frein c’est justement ce numéro. Pour avoir un marché très ouvert, dans lequel le meilleur gagne et le client fait son choix de la meilleure façon, il ne faut pas que le numéro soit un élément décisionnel.

- L’identification des abonnés est un autre problème auquel sont confrontés les opérateurs mobiles sur le marché algérien. Comment procédez-vous pour résoudre ce problème ?

- L’identification des puces est un vrai casse-tête pour les opérateurs. Une fois que les puces sont mises sur le marché, nous perdons un peu le contrôle de ces puces à cause de la structure du marché de distribution en Algérie. Nous avons pris pas mal d’initiatives pour responsabiliser le distributeur à remonter les contrats. Il y a même une partie des commissions qui est liée à cela. Nous avons fait des actions directes en direction des clients à travers des SMS que nous leur envoyons pour les appeler à passer dans les boutiques et mettre à jour leur contrat et leur fiche client. Aujourd’hui, je peux vous dire que Nedjma est à jour. Le nombre des contrats correspond à ses ventes. Est-ce que nous pouvons garantir l’exactitude des informations ? Je dirais que cela est une autre affaire. Cela nécessite une intervention des différentes instances pour aider les opérateurs à renforcer un peu l’exactitude de l’information, des contrats et des pièces d’identité qui sont remontées. Nous avons été saisis plusieurs fois par l’ARPT au même titre que les autres opérateurs et nous avons toujours agi favorablement. Il y a aussi la collaboration que nous faisons avec toutes les instances dans le cadre des réquisitions spécifiques.

Salah Slimani

29 octobre : 18e anniversaire de la mort de Kateb Yacine : L’Algérie, l’homme et la culture aux temps katébiens

octobre 31st, 2007

C’est l’année passée, 2006, qu’a été célébré le 50e anniversaire de la parution de Nedjma. Certes, l’événement n’a pas emballé les lycéens et l’ensemble des universitaires. L’état de l’enseignement de la littérature dans notre pays et la diffusion de la culture générale étant ce qu’ils sont, c’est-à-dire réduits à la portion congrue, il n’est plus surprenant de rencontrer des étudiants qui ignorent jusqu’au nom de Kateb Yacine.

Sur le plan académique et des complicités profondes qui lient un certain nombre d’intellectuels à Kateb, les réflexions et les écrits n’ont pas manqué à cette occasion. Au cours de ces dernières années, nous avons assisté à un regain d’intérêt à ce rebelle des lettres algériennes. On peut se limiter ici à citer Omar Chaâlal qui, dans son Kateb Yacine, L’homme libre, écrit en 2003 (éditions Casbah), déroule pour nous une biographie plutôt thématique, pleine de vie et d’anecdotes et fournie en photos noir et blanc de l’auteur de Nedjma. Omar Chaâlal raconte une scène fort instructive se passant en 1950. Il s’était rendu à un congrès d’intellectuels à Paris avec le poète et militant Bachir Hadj-Ali. Ils emportèrent avec eux quelques manuscrits de Yacine qu’ils montrèrent au poète français Aragon.

Il furent admirablement surpris d’entendre Aragon donner son avis sur Kateb : «Mes chers camarades, c’est un génie que vous avez-là, un futur grand écrivain dont le monde parlera». Le poète français ne s’arrêta pas à ce constat. La même année, il consacra un numéro spécial de son magazine Les lettres françaises au jeune Kateb Yacine.

Au début de l’année 2007, deux autres livres sur Kateb Yacine ont garni les librairies. Il s’agit de Kateb Yacine, un cœur entre les dents de Benamar Mediène (publié chez Robert Laffont), avec une préface de Gilles Perrault. B.Mediene, un ami inconsolable de Yacine et d’Issiakhem avait déjà publié, il y a quelques années Les Jumeaux de Nedjma pour parler de ses deux amis. L’autre livre est signé par Ismaïl Abdoun, un poète ami de Yacine et professeur de littérature à Bouzaréah, sous le titre Lecture(s) de Kateb Yacine (Casbah éditions-novembre 2006). Ce dernier ouvrage se veut une tentative de pénétrer le monde littéraire katébien par les voies universitaires. Cependant, cette étude a été ramenée à un niveau de vulgarisation. L’auteur précise : «J’ai souhaité faire de la vulgarisation des livres de Kateb Yacine sans tomber dans le simplisme. J’ai utilisé un langage moyen sans aplatir l’originel en évitant le langage académique trop technique». Et d’ajouter : «Si les jeunes générations restent attentives à la profondeur de ses œuvres et goûtent à ses textes, elles seraient passionnées de littérature et éprises d’écriture».

Pour faire sortir le corps de Kateb Yacine de l’aéroport d’Alger lors de son rapatriement le 30 octobre 1989, la police a dû user de gaz lacrymogènes pour disperser la foule qui attendait la dépouille. Il décéda à l’hôpital de Grenoble le 29 octobre suite à une leucémie. La maladie l’avait vraiment malmené au cours des dernières années de sa vie au point de lui faire rater des rendez-vous donnés pour rencontrer son public lors de la production des ses pièces de théâtre. Il en fut ainsi pendant l’été 1987 lorsque le TNA programma Palestine trahie. Accompagné par mon ami H’mida Laâyachi, directeur actuel du journal El Djazaïr News avec qui je passais mon service national au siège du MDN, je me rendis au spectacle avec l’espoir et l’insigne honneur de rencontrer l’auteur de la pièce puisque le programme a prévu une conférence-débat avec Kateb à la fin du spectacle. Malheureusement, c’est juste avant la levée de rideaux qu’il fut évacué en urgence sur un hôpital parisien.

Celui que Jean Déjeux appellera le ‘’Maghrébin errant’’ aura marqué de son empreinte l’histoire de la culture moderne en Algérie et du combat pour la démocratie et la justice sociale, et cela sur un parcours d’une quarantaine d’années. Kateb Yacine, qui fait partie du ‘’quatuor ‘’ (avec Dib, Feraoun et Mammeri) qui allait émerger à partir des années 50 du siècle dernier, était caractérisé par son style fougueux, son caractère entier et son humanisme débordant.

Ayant abandonné le collège à l’âge de seize ans après son arrestation lors des manifestations du 8 Mai 1945 à Sétif, il a pu démontrer que le combat pour les causes justes, la conscience patriotique et la passion de la littérature ne dépendent pas uniquement d’un diplôme universitaire. Hanté depuis son adolescence par l’image de Nedjma et pris dans la tourmente de la violence du Mouvement national, Kateb découvrira en prison la relation ombilicale, l’intimité, qui existe entre l’amour et la révolution, comme il l’avouera un peu plus tard. Cela le conduira à devenir le défenseur de tous les peuples opprimés au cours des années 70 et 80 (Vietnam, Afrique du Sud, Palestine,…), le défenseur aussi des franges les plus vulnérables de la société (femmes, paysans, ouvriers) et de la revendication identitaire et culturelle berbère.

L’acte révélateur

A l’origine, il y a la poésie ! La plupart des romanciers et des dramaturges ont d’abord taquiné la muse de la poésie. Même des historiens et sociologues, à l’image de Jacques Berque, ont pour premiers écrits des poèmes. La parole italienne dit : «Ce que la poésie fait de plus sublime, c’est donner aux choses insensées sens et passion». Kateb Yacine ne déroge pas à cette enivrante fatalité. «A la base de tout chez moi, il y a la poésie (…) En général, la poésie est la première source. C’est évident. Notre enfance est là pour témoigner que nous sommes tous avant tout des poètes. Ce que j’appelle poésie, c’est l’acte révélateur, l’acte créateur par lequel on prend conscience de la vie et des choses. Il n’y a qu’à voir les enfants quand ils commencent leur petit délire par des petites phrases et des chansons. Ensuite, cela prend d’autres formes : le théâtre, le roman. Mais, au fond, c’est toujours la même chose», affirme-t-il dans un entretien avec Hafid Gafaïti (in Voix multiples - Laphomic 1986).

C’est à l’âge de 17 ans, en 1946, qu’il publie à Annaba une plaquette de poésie intitulée Soliloques. C’était juste après sa libération de prison. Arrêté quelques jours après les manifestations du 8 mai 1945 à Sétif, Kateb verra sa mère atteinte de démence lorsqu’elle s’imagina que son fils était fusillé comme les milliers d’Algériens qui furent massacrés ce jour-là et les jours suivants.

«Pour moi, je suis mort

D’une mort terrible :

Mon âme faisait des vers

Quand d’autres vers

Me rongèrent jusqu’aux os.

Mon char était suivi

De tous mes ennemis.

Et le prêtre, pour une fois

Intelligent,

Sifflotait une de mes

Rengaines préférées…

Mon père jouait à la belote

Et cracha son mégot

Quand mon cercueil passa.

Seule, ma mère

Démolissait une poitrine

Qui avait sa fierté.

(…) Le Coran seul

M’accompagna jusqu’au cimetière.»

Kateb Yacine est né le 6 août 1929 à La Casbah de Constantine. Il sera enregistré le 26 août sur l’Etat civil de la commune de Condé-Smendou (actuelle Zighoud-Youcef) où son grand père maternel exerçait la fonction de bach-adel (auxiliaire de justice). Issu d’une famille de lettrés originaire de Sedrata, son père, oukil judiciaire (avocat indigène), est homme de double culture. Après un passage à l’école coranique, Kateb entre à l’école française en 1936. Les fréquentes mutations de son père l’obligèrent à effectuer plusieurs déplacements. En 1945, il est en classe de 3e au lycée de Sétif.

‘’La voilà votre révolution !’’

Interne au lycée, Kateb verra son destin se transformer par cette journée du 8 mai 1945. «Ce jour-là, c’était la fête, la victoire contre le nazisme. On a entendu sonner les cloches, et les internes étaient autorisés à sortir. Il était à peu près dix heures du matin. Tout à coup, j’ai vu arriver au centre de la ville un immense cortège. C’était mardi, jour de marché, il y avait beaucoup de monde, et même des paysans qui défilaient avec leurs vaches. A la tête du cortège, il y avait des scouts et des camarades du collège qui m’ont fait signe, et je les ai rejoints, sans savoir ce que je faisais. Immédiatement, ce fut la fusillade, suivie d’une cohue extraordinaire, la foule refluant et cherchant le salut dans la fuite. Une petite fille fut écrasée dans la panique. Ne sachant où aller, je suis entrée chez un libraire. Je l’ai trouvé gisant dans une mare de sang. Un ami de mon père qui passait par là me fit entrer dans un hôtel plein d’officiers qui déversaient des flots de propos racistes. Il y avait là mon professeur de dessin, une vieille demoiselle assez gentille, mais comme je chahutais dans sa classe, ayant parlé une fois de faire la révolution comme les Français en 1789, elle me cria :’’Eh bien, Kateb, la voilà votre révolution ; alors, vous êtes content ?’’

Kateb décida alors de quitter le lycée et d’aller rejoindre son père gravement malade à Bougâa. Il sera arrêté le 13 mai au matin par des inspecteurs et conduit vers la prison de la gendarmerie. C’est là qu’il fera une intime connaissance, dit-il, avec les gens du peuple. ‘’Devant la mort, on se comprend, on se parle plus et mieux’’, ajoute-t-il.

Transféré à la prison de Sétif, puis dans un camp de concentration entouré de barbelés, il y restera plusieurs mois. Après sa libération, il tombera dans un état d’abattement. Exclu officiellement du lycée, le jeune Kateb aura à faire face à un autre destin : sa mère perd la raison et son père tombe gravement malade. Ce dernier proposera à son fils d’aller ‘’changer d’air’’ à Annaba chez des parents habitant cette ville. C’est là-bas que Kateb fera la connaissance d’une cousine, prénommée Nedjma, dont il tombera follement amoureux. Cependant, elle était plus âgée que lui et était déjà promise. Cet amour impossible marquera à jamais l’auteur de… Nedjma et lui sera une source inépuisable d’inspiration.

«Loin de Nedjma

Déchus par notre faute

Loin de Nedjma.

Nedjma, si je t’ai bue

Tu fermentais.

C’est une excuse

Maintenant

Je suis esclave

Je ne sais

Que ramper vers ta cuisine

De caserne encerclée.

Qui fausse le rayon ?

Qui nous exile du Centre ?

A la belle étoile

Rapprochons-nous

Même si le vent nous disperse

C’est par nous que communique le feu

Notre chaleur est détournée.»

Des métiers et des leçons

En 1946/47, Kateb Yacine milite au sein du PPA et donne des cours pour illettrés. Il fera son premier voyage en France en 1947 et donnera une conférence sur ‘’’Emir Abdelkader et l’indépendance algérienne’’ le 27 mai 1947 à la Salle des sociétés Savantes. S’étant mis en contact avec les milieux littéraires de gauche, il publie son premier poème Ouverte la voix dans la revue Les Lettres françaises. Il immortalisera son premier voyage en France dans un article publié par le journal Le Monde du 20 octobre 1970. Il y écrit notamment : «Lorsque je vins à Paris pour la première fois, en 1947, jeune poète algérien à la recherche d’un éditeur, j’eus pour mécène inattendu un émigré de Kabylie, homme squelettique de haute taille, à la barbe blanche en broussaille. Il avait épousé, lui, l’exilé analphabète, une noble Française en rupture de ban qu’il appelait ‘’madame Jeanne’’, avec une pointe d’humour affectueux. C’était deux êtres réellement nobles, de la noblesse des pauvres, la plus belle de toutes : non seulement j’avais chez eux le gîte et le couvert, mais le vieux Si Slimane poussait la générosité jusqu’à m’offrir, en plus du paquet de Gauloises, des journaux et des livres…Ils tenaient à eux deux, lui crachant ses poumons, elle à moitié paralysée, un débit de boissons, rue du Château-des-Rentiers. Ironie de ce nom de rue ! Le café était, à vrai dire, une cave humide où ne venaient dans la journée que de rares manœuvres, des chômeurs et de invalides. Il s’animait un peu le soir, mais ne s’emplissait qu’en fin de semaine. Il devenait alors un coin de Kabylie. On parlait du pays et de l’indépendance .Des musiciens errants nous apportaient parfois le cri de la tribu. On buvait du café ou de la limonade. Quand on mangeait, c’était des pommes de terre dans une sauce rouge épicée, sans viande, mais avec du pain à volonté- l’éternel plat de résistance qui permet d’économiser pour le mandat de la famille, car, la plupart des émigrés laissaient en Algérie des femmes et des enfants, faute d autre logis que la cave, le taudis ou la baraque de bidonville.

Ils m’apportaient les lettres reçues dans la semaine. Je lisais pour eux et répondais sous leur dictée. Combien ils me brûlaient les 50 centimes si durement gagnés que ces hommes s’obstinaient à mettre dans ma poche en s’excusant de ne pas pouvoir rétribuer plus largement ma besogne de scribe ! Mais ce travail me passionnait. Je devenais leur confident, leur Cyrano de Bergerac, leur ‘’alter ego’’, leur secrétaire de cellule».

En 1948, Kateb Yacine publie le poème Nedjma ou le poème ou le couteau dans Le Mercure de France. De retour à Alger, il devient collaborateur à Alger-républicain. Il y publiera un reportage sur le pèlerinage à la Mecque et fera un voyage à Moscou le 14 août 1948. Après la mort de son père en 1950, il s’installe avec sa mère et ses sœurs à Alger. Il retourne en France à la recherche d’un travail. Revient à Alger pour travailler comme docker au port. Sa sœur Ounissa raconte cette période : «C’était une période trop dure pour nous. Yacine rentrait le soir fatigué, les poches pleines de grains de blé. Pour égayer l’atmosphère de notre logis, il nous chantait une chanson qu’il avait apprise auprès des dockers : ‘’Un bateau plein d’oranges attendait le portefaix, des sardines au déjeuner, des sardines au dîner, et Yacine est devenu handicapé’’. Yacine était le père et la mère. Souvent, il nous laissait sa part de repas, prétextant ne pas avoir faim».

En 1952, il repart pour la France. Il exercera plusieurs métiers avant de rencontrer Bertold Brecht (1954). Le Cadavre encerclé est paru dans la revue Esprit’ fondée par Emmanuel Mounier. Découvert par Jean-Marie Serreau, Kateb apprend auprès de celui-ci le métier de théâtre.

Kateb entreprend plusieurs voyages en Italie, Belgique, Suède, Yougoslavie et Tunisie. C’est en 1956 qu’il publie son œuvre maîtresse, Nedjma, aux éditions du Seuil.

«Le succès du roman de Nedjma s’est ajouté au succès des mitraillettes ; c’est-à-dire s’il n’y avait pas eu la révolution, Nedjma serait passé inaperçu, ou alors il serait paru chez une petite catégorie de gens ; on lui aurait donné une place chez les gens qui écrivaient le français, mais d’outre-mer. Il ne faut pas oublier qu’avant la révolution, tout ce que nous pouvions écrire était frappé du sceau de l’infériorité à sa naissance ; par exemple, quand on parlait de littérature algérienne, on disait Albert Camus. On n’aurait jamais dit Mohamed Dib ou Mouloud Feraoun. Mon premier roman a été effectivement un succès ; il a été un succès en France. Fort heureusement pour moi, je n’ai pas été grisé par ce succès, parce que le succès dans ces conditions-là aurait pu être très dangereux ; il aurait pu m’enfermer dans la langue française, alors que ce n’est pas ma langue. Nedjma, c’est l’Algérie, voilà ! L’Algérie telle que je la voyais, telle que j’essayais de l’exprimer. Au bout d’un certain temps, je me suis dit : il faut que j’aille à Paris. J’étais encore fragile, je sentais qu’il fallait me renforcer, apprendre ; et puis aller dans la gueule du loup, dans la capitale de l’impérialisme. C’est là où l’épreuve décisive devait se passer. Alors, j’y suis allé, et à ce moment-là, je sentais qu’il était nécessaire de parler le français mieux que les Français ; c’est-à-dire qu’il fallait écrire un livre dans une langue telle, que les Français soient réellement ébranlés et se disent : c’est ça l’Algérie». Beaucoup d’analyses et de commentaires ont été faits à propos d’un roman qui a véritablement marqué son temps par le souffle, la verve et la complexité qui le caractérisent. L’écriture elliptique, à la Faulkner, ne fait pas des traditions de la littérature francophone si on exclut quelques vagues comparaisons avec le surréalisme. Des universitaires de par le monde ont écrit des mémoires et des thèses pour tenter de pénétrer Nedjma. Benemar Médiène, un ami intime de Yacine et un intellectuel averti écrit à ce propos : «Quand on dit que la poésie ou la littérature de Kateb est difficile, elle l’est, parce que également difficile pour lui. Elle est le produit d’un long travail de douleur, de souffrance, d’insomnie, de rage, de faim de froid ! Tout son être, tout ce qu’il est, est entièrement mobilisé pour dire : Ce peuple auquel j’appartiens, peuple d’Algérie mais aussi peuple du monde, je lui donne ce qu’il y a de plus douloureux en moi, ce qu’il y a de plus beau en moi, c’est-à-dire, à la fois l’amour, la rage, la passion, la liberté…Je la donne et je la donne à travers la poésie. Kateb était particulier parce qu’il créait quelque chose de volcanique, d’extraordinaire, par la force des mots et par la beauté du rythme. C’était un poète qui saisissait la vie de son peuple et qui la transcrivait dans le plus fabuleux des langages : dans le langage poétique, mais sans faire de concessions au peuple, sans faire de concessions à la littérature, parce que précisément il était proche et du peuple et de la littérature. Il voulait leur donnait non pas ce qu’il y a de plus simple ou ce qu’il y a de plus compréhensible, mais ce qu’il y a de plus beau…».

De la feuille blanche aux tréteaux

Hormis Nedjma et un deuxième roman, Le Polygone étoilé, paru en 1966 au Seuil, Kateb Yacine consacra tous ses efforts au théâtre. Après Le Cadavre encerclé (1955), il écrira Le Cercle des représailles, La Poudre d’intelligence et Les Ancêtres redoublent de férocité (1959), La Femme sauvage (1963). Peu après l’Indépendance, Kateb rentre au pays. Il ne cessera de se déplacer entre Alger, Paris et Moscou. En juin 1967, après un voyage à Moscou, il continue sur Pékin et Hanoi. En 1971, il écrit une nouvelle pièce : L’homme aux sandales de caoutchouc, un hommage à la révolution vietnamienne. En 1971, il rentre définitivement en Algérie pour écrire ses pièces en arabe dialectale et les jouer avec sa troupe appelée ‘’Théâtre de la mer’’. Cette troupe prendra par la suite le nom de ‘’L’action culturelle des travailleurs’’ sous l’égide du ministère du travail dirigé à l’époque par le patriote et homme de lettres, Ali Zamoum.

Dans un entretien avec Abdelkader Djaghloul (1986), Kateb déclare à propos de son choix de faire du théâtre en arabe populaire : «Le théâtre est pour moi le moyen de toucher le grand public. Lorsque j’écrivais des romans ou de la poésie, je me sentais frustré parce que je ne pouvais toucher que quelques dizaines de milliers de francophones, tandis qu’au théâtre nous avons touché en cinq ans près d’un million d spectateurs. (Même traduit en arabe littéraire cela revient au même) ; avec l’arabe littéraire, je ne touche que des intellectuels. Je suis contre l’idée d’arriver en Algérie par l’arabe classique parce que ce n’est pas la langue du peuple ; je veux pouvoir m’adresser au peuple tout entier même s’il n’est pas lettré, je veux avoir accès au grand public, pas seulement les jeunes, et le grand public comprend les analphabètes. Il faut faire une véritable révolution culturelle».

En avril 1978, il est nommé directeur du Théâtre régional de Sidi Bel Abbès, et en avril 1980, il s’installe à Alger. Sa mère meurt en octobre 1980 et lui ne cesse de faire le va-et-vient entre Alger et Bel Abbès. En janvier 1987, il reçoit le Grand Prix des Lettres décerné par le ministère français de la Culture. Pour le bicentenaire de la Révolution française de 1789, il montera une pièce à Avignon sur Robespierre sous le titre Le Bourgeois sans-culotte ou Le Spectre du parc.

Kateb Yacine meurt d’une leucémie le 28 octobre 1989.

Achour Cheurfi écrit dans son Dictionnaire biographique des écrivains algériens (Casbah Editions-2002) : «De l’écriture éclatée du Polygone étoilé (1966) aux déclarations du Poète comme boxeur (1994), une même fureur passionnelle, une même douleur vécue dans l’errance et soutenue par l’éblouissement de la création. Poète et boxeur, Kateb témoigne, à travers une œuvre peu abondante mais assez dense, de cette absolue volonté de demeurer ce qu’il a toujours voulu être : au sein de la perturbation, un éternel perturbateur».

Amar Naït Messaoud

Le ministre de l’intérieur à propos des dossiers de candidatures rejetés : “La plupart sont des membres du parti dissous”

octobre 30th, 2007

M. Yazid Zerhouni, ministre d’État, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, a affirmé, hier, en marge de l’ouverture de l’année judiciaire qu’il est hors de question que des membres du FIS dissous se présentent aux élections communales du 29 novembre prochain. Pour le ministre de l’Intérieur, le dossier du FIS est clos.

Questionné sur les dossiers de candidatures pour les élections communales rejetés, Yazid Zerhouni a indiqué que la plupart sont “des membres du parti dissous”. Le ministre a ajouté que les partis siégeant au sein de l’alliance présidentielle (FLN-RND-MSP) ont été les plus pénalisés par le nombre de dossiers rejetés par l’administration et qu’il y a seulement le FFS et le RCD qui ont présenté des recours à son département ministériel.

À titre d’exemple, il cite le cas du RCD qui, selon lui, a présenté les dossiers “d’un mort et d’une personne en prison depuis des mois. Le RCD a présenté la candidature d’un membre du FIS dissous. Pouvez-vous croire cela ?” a précisé le ministre. À propos de la nécessité d’un débat télévisé avec le ministre de l’Intérieur proposé par le FFS, M. Yazid Zerhouni a posé un préalable : “Il faut d’abord être prédisposé et parler le langage des arguments sans inculper les gens”, a conclu le ministre.

N. H.

Ils devaient être vendus à la foire du livre : Un millier de livres “djihadistes” interdits

octobre 30th, 2007

La décision est prise par la commission de lecture du ministère des Affaires religieuses, estimant que ces ouvrages font l’apologie du terrorisme et prônent une vision de l’islam qui n’est pas conforme au rite malékite.

Des titres subversifs viennent d’être interdits du Salon international du livre qui s’ouvre demain à la Safex des Pins- Maritimes d’Alger. Ce sont les commissions de lecture du Livre saint et du livre religieux mises sur pied par le ministère des Affaires religieuses, travaillant à la préparation de cette manifestation internationale depuis juin 2007, qui a remis en cause la participation de ces titres au salon.

C’est ce que révélera une source proche de ce dossier précisant qu’il y a “1 191 livres que le ministère des Affaires religieuses a interdits et sur lesquels il a émis des réserves sur la base d’arguments prouvant que ces titres contiennent d’énormes insuffisances en ce sens qu’ils font de la propagande”.

Provenant de pays arabo-musulmans à l’image de la Syrie, du Liban, de l’Égypte, de la Jordanie, de l’Arabie Saoudite, de l’Iran et des Émirats arabes unis, ces titres sont interdits au motif qu’ils font “l’apologie du terrorisme, du racisme, du crime, ils portent atteinte à l’unité nationale, à la sécurité et à l’unité territoriale, tout comme certains d’entre eux portent atteinte aux éléments constitutifs de l’identité nationale, de même qu’ils s’en prennent aux mœurs, à Dieu et aux différents prophètes”.

Notre source ajoute que ces livres représentent un danger dans la mesure où ils contiennent des procédés de fabrication des armes. “Cela en plus du fait qu’ils s’autorisent des fetwas dans le domaine de la religion avec comme référence d’autres courants que le malékite.”

Parmi ces titres exclus du Salon international, notre interlocuteur citera, à titre d’exemple, Ben Laden, el hakika el mamnouaâ (Ben Laden, la vérité interdite), Achhar el mounadhamate el irhabiya (les organisations terroristes les plus connues), Siyassiyoun harabou el islam (des politiciens ayant combattu l’islam), el maoussouaa el djoughafia (l’encyclopédie géographique, el maoussoua el djinsiya (l’encyclopédie sexuelle), el thawra el wahhabia (la révolution wahhabite), El rassaiil el moutafadjira (les lettre explosives), Mouhadjamate el sahaba (l’attaque des compagnons du Prophète), Fatawi el nissaa (les fetwas des femmes), Massaiil wa fatawi des kadaya mouhima (des questions et des fetwas dans des situations importantes), Chariyate el irhab (la légitimité du terrorisme) et El kabr yatakalem (la tombe parle).

Expliquant les insuffisances de chaque titre, notre source évoquera, par exemple, le cas de l’Encyclopédie géographique dont l’auteur s’est autorisé d’éliminer carrément de la carte géographiques certains pays au motifs qu’“ils sont en guerre avec eux”. Le cas de l’Encyclopédie sexuelle est également édifiant à ce propos puisqu’il s’agit d’un “livre pornographique”, nous dit-on. Aussi, dans L’Attaque des prophètes, son auteur s’est “permis de dénigrer les prophètes”, nous dit-on. La légitimité du terrorisme est aussi un titre qui justifie le recours des terroristes aux armes.

Aussi, quinze maisons d’éditions étrangères ont été interdites du salon pour une raison simple : “elle s’appuie sur d’autres courants que le rite malékite dans ses références”, note notre source précisant qu’elle a recours “au wahhabisme et à la chi’ia”.
Par ailleurs, et hormis ces interdictions, le ministère des Affaires religieuses a autorisé l’exposition des titres provenant de 700 maisons d’édition : 290 étrangères (Lybie, Arabie Saoudite, Syrie, Egypte…) 160 algériennes.

Il a été exigé aux maisons d’édition algériennes d’exposer uniquement les titres inventoriés. C’est-à-dire la liste des titres examinés et étudiés au préalable par les commissions de lecture. “C’est pour éviter que ces maisons d’édition n’exposent d’autres titres que ceux sur lesquels l’inventaire a été fait”, note notre source.

Quoi qu’il en soit, la démarche tout comme la rigueur dont s’est entouré le ministère des Affaires religieuses par rapport à cette manifestation internationale a été dictée par le souci de soustraire la religion à toute sorte de manipulation et de perversion. C’est une démarche inscrite, nous dit-on, dans le cahier des charges du département de Abdallah Ghoulamallah.

NADIA MELLAL

La chronique financière : Quel crédit accorder à l’indice des prix ?

octobre 29th, 2007

Ces dernières semaines, les prix des produits courants ont connu une valse assez agitée. Les raisons sont multiples et il n’échappe à personne que les explications avancées pour justifier la hausse des produits importés ne sont pas apaisantes pour les ménages qui subissent en permanence une dégradation de leur pouvoir d’achat. L’indice des prix à la consommation (IPC) ne restitue pas cette érosion et la question se pose sur son rôle et surtout le crédit qu’il convient de lui accorder.

Valeur qui sert à mesurer les évolutions de ce que nous payons lors de l’achat de certains biens et services de consommation courante, l’indice des prix à la consommation est calculé périodiquement par l’Office national des statistiques (ONS). Il est non seulement utilisé comme référence, mais aussi comme exutoire à certains mécontentements. Les syndicats sont les consommateurs attitrés de cet indice. Il permet de suivre l’évolution des prix et donc d’apprécier les tensions inflationnistes. Il joue un triple rôle économique, monétaire et financier, en cela, il permet de suivre l’inflation, mois par mois. L’IPC est également utilisé comme déflateur de nombreux agrégats économiques (consommation, revenus…) pour calculer des évolutions en volume ou en termes réels (” en dinars constants “) ; Il sert aussi à des fins de comparaison internationale, les indices de prix ont fait l’objet d’un travail d’harmonisation entre les services statistiques nationaux sous la coordination d’Eurostat.

Les indices de prix à la consommation harmonisés (IPCH) ainsi obtenus ne se substituent pas aux IPC nationaux. L’indice national selon les indications fournies par l’ONS est élaboré à partir de l’observation des prix sur un échantillon de 17 agglomérations. Cet échantillon de villes et villages est représentatif de l’ensemble du territoire national. Pour Alger, la population de référence est constituée de l’ensemble des ménages de la capitale, de toutes tailles et toutes catégories socioprofessionnelles. L’indice ainsi qu’il précisé sur le site Internet de l’ONS, se compose de 260 articles représentés par 732 variétés sélectionnées sur la base de critères tels que la dépense annuelle, la fréquence de la dépense et l’utilité.

Les pondérations des variétés sont calculées à partir des dépenses annuelles en 1988, déclinées par l’enquête nationale sur la consommation des ménages. Le taux de couverture de l’indice (en termes de dépenses de consommation) est de 95 %. Une faible part donc, moins de 5 %, des biens et services ne sont pas couverts par l’indice. Ces produits sont exclus pour des raisons méthodologiques. La classification des biens et services consommés en groupes, sous-groupes, articles est proche de celle recommandée par l’ONU dans le système de comptabilité nationale de 1970.

L’année de base est 1988 et l’année de référence (100 pour les calculs) est 1989. La périodicité de l’indice est mensuelle. Un indice annuel est aussi calculé. Les fruits et légumes frais, en raison du caractère saisonnier de leur commercialisation, subissent un traitement particulier : à partir d’un panier mensuel de pleine saison, il est calculé un indice brut, lequel indice compare les coûts du même panier (mensuel) du mois courant et du mois de même nom de l’année de référence (1989).

Les prix de base des variétés du panier, ainsi que les pondérations, sont mensuels. La comparaison d’indices bruts de mois de noms différents indique, non pas une variation (relative) pure des prix, mais le rapport des variations de prix pour chacun des mois. Les relevés de prix sont effectués périodiquement auprès d’un échantillon de points de vente selon un programme d’enquêtes fixé pour chaque groupe de produits. La première difficulté comme on peut le constater vient de ce qu’il existe un grand nombre de biens et services et donc de prix. La deuxième cause d’achoppement est imputable à l’hétéroclisme des ménages dont chacun diffère de la moyenne. Ainsi, par exemple, l’alimentation ou les loisirs ne représentent pas pour tous les ménages en termes de pourcentage, la même part dans le budget. Un ménage modeste ne s’y retrouvera pas si sa consommation se répartit selon des valeurs totalement inversées.

Partant du constat que la structure de la consommation diffère selon les revenus, un indice par tranche de revenu serait plus approprié pour la mesure. Quand une personne, ou un ménage, a un revenu mensuel de 12000 à 20000 DA (cas relativement fréquent), et que un tiers du revenu part dans le loyer, un autre tiers part dans les services, et un dernier tiers dans les besoins courants et si la baisse de prix porte sur le produit à faible pondération et la hausse sur celui à forte pondération et que ce dernier représente dans le panier une part beaucoup plus importante, il s’ensuivra que l’indice n’aura pas le même sens pour tous. De ce fait, l’indice des prix communiqués n’aura aucune signification réelle. Chacun le lit à l’aune de sa propre subjectivité. L’indice, livré à des non-spécialistes pour décrire des comportements ne semble jamais “coller” au réel.Il reste que comme tout indicateur de mesure, il doit être pris avec la prudence qui s’impose.

Dib Saïd

Relations algéro-françaises : La coopération économique, axe central de la visite de Sarkozy

octobre 29th, 2007

La visite d’Etat du président Sarkozy en Algérie, prévue du 3 au 5 décembre, prend tournure avec un contenu de plus en plus précis. Deux volets importants de la coopération bilatérale ont d’ores et déjà été dégagés : sécurité, mais surtout économie.

Paris. De notre bureau

La coopération bilatérale en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme a été abordée lors de la visite, début octobre, du ministre de l’Intérieur, Nourredine Zerhouni, à l’invitation de Mme Alliot-Marie. L’entame du volet économique, à Oran d’abord, lors du séjour du secrétaire d’Etat français au Commerce extérieur, Hervé Novelli, s’est poursuivie à Paris avec la visite de travail, jeudi et vendredi, de Abdelhamid Temmar, ministre de l’Industrie et de la Promotion des investissements, et continuera à compter de ce lundi, par le ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil.

« On ne peut pas dire que l’intérêt des hommes d’affaires pour l’Algérie a fléchi », a indiqué M. Temmar, lors d’une rencontre avec la presse nationale, à l’issue de ses entretiens avec Christine Lagarde, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Emploi, Hervé Novelli, secrétaire d’Etat au Commerce extérieur et les responsables du Medef International. « Contrairement à ce qui s’est dit dans la presse, l’intérêt est constant, voire une accélération a été enregistrée ces deux dernières années », a poursuivi le ministre, notant toutefois que les réalisations sont « en deçà des potentialités ».

« Il faudrait que nous fassions plus pour que l’environnement de notre pays soit attractif. » Toutefois, « les hommes d’affaires français ont reconnu que des efforts ont été faits pour que l’économie algérienne devienne compétitive ». « Les mesures d’accompagnement des PME françaises par les institutions françaises doivent permettre d’atteindre un plein potentiel de nos affaires », a signalé Abdelhamid Temmar. 450 millions d’euros investis, hors hydrocarbures, par des entreprises françaises ont été déclarés à l’ANDI, la mission économique française à Alger les situe entre 800 millions à un milliard d’euros, signale le ministre. A la mi-2006, les Français étaient les premiers investisseurs étrangers hors hydrocarbures en Algérie.

Mise à niveau des entreprises et compétitivité

La partie française a retenu l’agroalimentaire, la pharmacie et l’automobile. « Ces secteurs sont importants mais d’autres nous intéressent aussi et ont été adjoints comme la mécanique, l’électricité, le ciment, le tourisme », a encore précisé le ministre. Et d’ajouter : « Ce que nous cherchons à travers l’investissement, c’est l’emploi et l’amélioration du pouvoir d’achat. » « La mise à niveau et la maîtrise des règles de compétitivité sont au premier rang de nos priorités », a indiqué Abdelhamid Temmar à ses interlocuteurs. « Nous comptons sur l’assistance française pour doter nos entreprises en savoir-faire et en compétitivité dans la perspective d’un marché ouvert à la concurrence », a-t-il ajouté.

Il est attendu de la partie française un partenariat en matière de décentralisation régionale et économique, de pôles de compétitivité, de formation de managers et de cadres. Abdelhamid Temmar a souligné la volonté mutuelle de l’Algérie et de la France de « renforcer leur coopération et leurs relations économiques qui sont de nature intense et structurelle ». Il a aussi indiqué que sa visite de travail à Paris avait pour but de « définir un cadre général de coopération et d’actions dans le cadre du développement des affaires entre nos deux pays ».

« Le développement des affaires signifie développement commercial, développement des investissements et celui des relations entre hommes d’affaires des deux pays », a encore précisé M. Temmar. « Les rencontres avec Mme Lagarde et M. Novelli nous ont permis d’arriver à des configurations pouvant nous permettre d’arriver à établir ce cadre général de coopération », a ajouté le ministre. Hervé Novelli a assuré son homologue du soutien de la France dans la diversification et la modernisation de l’économie algérienne et sa volonté d’associer des PME françaises à cette démarche. Les PME contribuent à la moitié des exportations françaises en Algérie.

Lors de sa rencontre avec une soixantaine de chefs d’entreprises et d’hommes d’affaires français, M. Temmar a assuré que l’environnement des affaires en Algérie est des plus favorables, alors que les principaux obstacles à l’investissement sont levés. Ainsi, en est-il du foncier industriel, invoqué par la plupart des investisseurs. Cette question est une « affaire définitivement réglée », a-t-il souligné, précisant que l’organisme chargé de traiter les demandes est mis en place et est sur le point de gérer une première assiette de 40 000 hectares de terrains industriels. Restent les « blocages » de l’administration et ses « difficultés » à s’adapter à la libéralisation économique qu’il s’agit de lever progressivement.

Sur la privatisation du secteur bancaire, l’opération concernant le CPA est achevée. « C’est une chirurgie extrêmement difficile pour une économie engageant des milliers d’entreprises », a souligné Abdelhamid Temmar. La privatisation de la BDL a été engagée la semaine dernière, a signalé le ministre. L’ouverture du capital de cette banque se fera à hauteur de 30%. M. Temmar a évoqué le projet de création d’un « Bureau France » au sein de son département ministériel. Ce « guichet unique » est conçu comme une structure d’assistance et d’accompagnement des investisseurs et hommes d’affaires français opérant ou désirant opérer en Algérie. Un guichet Algérie en France est également nécessaire.

Nadjia Bouzeghrane

RASSEMBLEMENT PATRIOTIQUE RÉPUBLICAIN (RPR) : “Bouteflika a échoué, il doit déposer sa démission”

octobre 29th, 2007

Le président du Rassemblement patriotique républicain (RPR), M. Abdelkader Merbah, demande la démission du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, ainsi que celle de son staff gouvernemental, après l’échec de sa politique depuis son avènement au pouvoir en 1999.

Rosa Mansouri – Alger (Le Soir) - Lors d’un point de presse, animé hier à la maison de la presse Tahar- Djaout, M. Merbah a haussé le ton pour dénoncer la situation anarchique et dramatique qui caractérise la gestion politique et économique du pays. Partant du constat fait par le président de la République lui-même sur la jeunesse, la semaine passée, à l’occasion de la rencontre avec les walis, M. Merbah affirme que «tous les indicateurs sont au rouge et que la République actuelle est arrivée à la fin de son règne». «L’Algérie doit aller vers la deuxième République et organiser des élections présidentielles anticipées.

Le pays ne se positionne ni en démocratie ni en gouvernance du parti unique, mais en anarchie totale et généralisée», critique-t-il. Le conférencier ne va pas sans noter que «le président Bouteflika a enregistré, à ce jour, 27 violations de la Constitution, ce qui est un fait gravissime dans une République démocratique». M. Merbah juge inadmissible et intolérable que le Conseil constitutionnel soit pris pour complice dans ces violations. Il l’accuse même de mettre les intérêts des personnes au-dessus des intérêts de la nation. «Bouteflika est venu pleurer devant les walis, lui qui est l’instance suprême du pays.

C’est scandaleux. Nous avons devant nous un président malade physiquement et politiquement, alors comment guérir l’Algérie de toutes les autres maladies sociales et économiques qui font plonger le peuple dans la pauvreté et le désespoir ?» déplore le conférencier, selon lequel, la seule solution pour sauver ce qui reste de la dignité de l’Algérien «est de changer ce système radicalement en allant vers des élections présidentielles anticipées, transparentes, neutres de toute couleur partisane et organisées par des personnes politiquement neutres».

«Si aujourd’hui, dans tous les milieux, y compris à un très haut niveau de l’Etat, on parle de ras-le-bol social, la responsabilité entière revient au président de la République et à son staff dirigeant. Nous sommes un pays très riche et un peuple très pauvre», relève- t-il. Évoquant les problèmes vécus par la jeunesse et l’apparition du phénomène des harragas et des terroristes kamikazes, l’orateur ne se fait aucune illusion sur le devenir de cette frange sensible de la société qui, dit-il, «continuera dans ce mauvais chemin tant que l’Etat ne daigne pas prendre sérieusement en charge leurs préoccupations ».

«Les véritables criminels sont ceux qui déstructurent continuellement le pays, encouragent la corruption, investissent pour les étrangers, favorisent le régionalisme et détruisent la fibre patriotique. Ils sont au pouvoir et refusent de partir», martèle M. Merbah, défiant toute partie qui contredit ces vérités, à venir s’asseoir autour d’une même table et amorcer un débat national, en prenant à témoin l’opinion publique. Ainsi, après Karim Tabbou, premier secrétaire national du FFS qui a appelé à un débat public, c’est au tour du président du RPR de faire la même sollicitation.

Il s’agit, aujourd’hui, de mettre chacun devant ses responsabilités et de trouver des solutions à la crise nationale. Un front de l’opposition est en préparation. Plusieurs partis politiques, qui se démarquent de la gestion actuelle des affaires de l’Etat, s’inscrivent dans cette perspective de faire monter une opposition politique. Interrogé par ailleurs sur la participation de son parti aux prochaines élections locales, bien qu’il ait été exclu de la liste initiale de Zerhouni, M. Merbah confirme que son parti a réuni les signatures et que malgré ça des consignes de boycott sont données aux militants.

Cependant, toutes les wilayas ne voulaient pas respecter cette consigne et de crainte de voir ses militants inscrits sur les listes des «partis au pouvoir», le RND et le FLN, M. Merbah affirme avoir autorisé certains à participer aux élections. 10 listes sont ainsi validées et 30 rejetées.

Rosa Mansouri

Après le gaspillage de 2 milliards de da en importation : La pomme de terre à 20 DA le kg, c’est possible

octobre 29th, 2007

Barkat et Djaâboub ont fini par reconnaître que la suppression des droits de douane et de la TVA sur les opérations d’importation de la pomme de terre n’ont eu aucun effet sur le marché.

L’inauguration de la seconde édition du Salon international des fruits et légumes, co-organisé par la Chambre nationale de l’agriculture et l’organisme français IEC, a donné l’occasion hier au ministre de l’Agriculture et à celui du Commerce de revenir sur l’interminable crise de la pomme de terre qui n’arrive pas à trouver de solutions malgré les mesures prises par le gouvernement. Le chef du département de l’Agriculture, Saïd Barkat, a d’ailleurs, reconnu l’inefficacité des décisions prises il y a quelques semaines par les pouvoirs publics dans le but de ramener les prix du kilogramme de ce tubercule à des niveaux acceptables pour les ménages. En effet, la pomme de terre qui continue de caracoler en tête des légumes et les prix affichés dans les marchés donnent toujours le tournis aux citoyens. Le gouvernement avait décidé d’exonérer les opérations d’importation de la pomme de terre en Algérie des droits de douane et de TVA, et ce, afin d’influer sur les prix.

Mais, apparemment, cette mesure (suppression du droit de douane de 30% et de la TVA dont le taux est de 17%) n’a eu aucun impact sur le marché demeuré sous tension pour ce légume très prisé par les ménages algériennes, malgré les importations massives effectuées. Le ministre de l’Agriculture a indiqué, lors d’une rencontre avec la presse, que le soutien de l’État sera réorienté vers les agriculteurs qui s’apprêtent à lancer la récolte d’arrière-saison prévue en novembre. Le ministre du Commerce, M. El-Hachemi Djaâboub a affirmé, pour sa part, que les importations de pomme de terre ont atteint un volume de 89 000 tonnes et la facture destinée à cette opération s’élève à 2,2 milliards de DA.

Pour les professionnels de la filière, il est temps pour l’État de soutenir les activités productives et non les importations qui ne profitent qu’aux producteurs étrangers et aux nombreux parasites toujours aux aguets, comme nous venons de le vérifier avec la crise de la pomme de terre. Cela, les pouvoirs publics semblent l’avoir enfin saisi, en décidant d’orienter les aides vers les agriculteurs qui sont les véritables acteurs de la filière.

C’est d’ailleurs ce que propose M. Abdelkader Benfeghoul, directeur de projet à la Société de développement agricole (Sodéa) appartenant au Groupe Hasnaoui qui s’est lancé dans un programme de multiplication de semences de pomme de terre. La société dispose dans ses entrepôts d’un stock de 3 000 tonnes de semence et elle a déjà consenti à vendre à des prix préférentiels à de nombreux agriculteurs une quantité de 1 000 tonnes destinée à la multiplication, mais qui finalement a été détournée vers la consommation en raison des prix élevés du produit sur le marché. “On peut mettre sur le marché de la pomme de terre à un prix allant de 15 à 20 DA, à condition qu’on nous donne des garanties afin de permettre le lancement des travaux pour la réalisation d’un laboratoire de multiplication des semences”, insiste M. Benfeghoul qui affirme que la Sodéa est actuellement en discussion avancée avec un opérateur australien qui a accepté d’investir dans le créneau de la multiplication en partenariat avec le Groupe Hasnaoui.

La joint-venture porte sur le montage d’un laboratoire, qui est actuellement à l’étude, capable de produire jusqu’à 20 millions de mini-tubercules, destinés à la production de semence de pomme de terre du segment pré-base, c’est-à-dire appelé à se multiplier.
Toutefois, ni les Australiens ni leur partenaire algérien ne sont prêts à lancer un tel projet s’ils n’obtiennent pas de garanties de la part des autorités de mettre en place des mécanismes de soutien aux agriculteurs pour les aider à s’approvisionner en semences. Interrogé sur le choix des Australiens pour cette collaboration, le représentant de la Sodéa relève que des opérateurs européens, notamment des Hollandais, ont été approchés pour étudier des tentatives de partenariat dans ce domaine. Mais, comme on peut l’imaginer, la réponse a été négative.

Quoi de plus normal pour des gens qui veulent maintenir la situation de dépendance du marché algérien à leur égard. Pourtant, environ 70% des importations de semences proviennent d’Europe, notamment des Pays-Bas. Et là, on commence à comprendre les motivations du sabotage dont a fait l’objet le centre de multiplication de la semence de pomme de terre de Guellal, dans la wilaya de Sétif.

Le Groupe Hasnaoui avait soumissionné pour la reprise de ce laboratoire, mais jusqu’à présent, les pouvoirs publics ne sont, apparemment, pas décidés à trouver une solution à un organisme qui peut rendre beaucoup de services au secteur. Par ailleurs, le président de la Chambre nationale de l’agriculture, M. Cherif Ould El-Hocine a appelé les agriculteurs algériens à améliorer la qualité de leurs produits afin d’envisager des opérations d’exportation. Le Salon des fruits et légumes, qui durera trois jours, est placé cette année sous le signe de “la promotion de l’exportation des fruits et légumes algériens”. La présence de fabricants et de distributeurs étrangers spécialisés dans le machinisme agricole, l’approvisionnement en semence et en engrais… pourrait être d’une utilité certaine pour les agriculteurs locaux.

À noter la présence en force des entreprises françaises à cette manifestation qui a drainé près de 200 participants, venus également d’Allemagne, d’Australie, de Belgique, d’Espagne, de Grèce, d’Iran, d’Italie, du Luxembourg, des Pays-Bas, du Maroc, du Portugal et de la Tunisie.

H. Saïdani

Silence ! Abdelaziz Bouteflika et son gouvernement travaillent

octobre 27th, 2007

Donner l’illusion à l’opinion publique que les choses bougent, que les choses vont changer — en mieux — est précisément le métier des politiques. Pour nous faire croire qu’ils “sacrifient” leur temps si précieux, leur santé, leurs nombreux loisirs, leurs épouses et leur maîtresses, au seul profit de la mère patrie que nous ne saurions aimer comme eux “l’adorent”, ils n’hésitent pas à exhiber leurs “actions” au grand jour.

Convoquant ainsi, pour la circonstance, l’ENTV et les journalistes de la presse écrite acquis à la cause. Mais pas seulement. Leurs consœurs et confrères, harcelés et pourchassés habituellement par le politique via le judiciaire, parce que libres de dire et d’écrire, sont eux aussi conviés à la fête. Lorsqu’il s’agit de la nation tout le monde est concerné, il n’y a plus d’ennemis, semblent dire ces mêmes politiques. La fête n’en sera que plus belle et plus réussie. Et pour qu’il y ait matière à festoyer, il faut évidemment qu’il y ait l’événement. Quoi de plus aisé ? Il est connu que pour faire oublier la médiocrité et l’immobilisme, rien de mieux en politique que de créer un événement (ou une occasion) destiné à dissiper la grisaille d’un quotidien devenu de plus en plus insupportable. C’est précisément ce qu’a fait Abdelaziz Bouteflika la semaine écoulée en dissertant durant dix minutes, selon les révélations de la presse, au Palais des nations sur la jeunesse algérienne lors de l’ouverture de la rencontre gouvernement/walis. Que s’est-il réellement passé ce jour-là ?

En usant du jargon des juristes, je dirai qu’en la forme il y a eu pour les citoyens de nombreux désagréments dont celui de ne plus pouvoir circuler dans la commune habituellement paisible de Staouéli, voire Chéraga. On peut comprendre que depuis le 6 septembre 2007, Abdelaziz Bouteflika ait peur de refaire de mauvaises rencontres. De là à boucler toutes les routes, y compris celles que n’emprunte pas le cortège présidentiel (Staouéli) est tout bonnement un “délire organisé” (intitulé d’un tableau du peintre Yahia Abdelmalek). Il suffisait d’encercler le Palais des nations, le Club-des-Pins — ce qui est déjà chose faite — et la sécurité était assurée.

Quand au fond, 1) la première remarque concerne la rencontre elle-même. Lorsque les politiques veulent noyer le poisson, ils créent des commissions, des groupes, des ateliers, des séminaires, des colloques, des rencontres. Abdelaziz Bouteflika n’a-t-il pas été l’initiateur de la commission de réforme de “l’éducation nationale” ? de la commission de réforme “de la justice” ? De la commission de la réforme “de l’Etat” ? Tandis que se voulant à cette époque-là (2000) omnipotent, omniprésent, il claironnait à qui voulait bien l’entendre qu’il serait l’homme du changement. Où en sont donc les réformes ? Où en sont les propositions de fond de Monsieur Benzaghou, en matière d’éducation, celles de M. le professeur et avocat, Mohand Issad, spécialistes émérite l’un comme l’autre dans leurs domaines respectifs ?

Elles sommeillent sous une énorme couche de poussière dans un des tiroirs présidentiels. Et face à l’Histoire à laquelle on finit toujours un jour ou l’autre par rendre des comptes, Abdelaziz Bouteflika ne pourra pas invoquer le manque de temps, l’absence de moyens, ou autres empêchements pour justifier sa carence. N’est-il pas celui qui avait déclaré publiquement qu’il ne serait jamais “un trois quarts de président” ? N’est-il pas celui qui n’a eu de cesse de répéter qu’il avait été “élu” démocratiquement par le peuple en 1999 comme en 2004 tout en sachant parfaitement qu’il a été coopté, désigné et que les urnes, ces faiseuses de miracles, ont fait le reste ?

Abdelaziz Bouteflika n’a pas entendu réformer car créer une école républicaine où nos enfants apprendraient à acquérir l’esprit critique et dont ils sortiraient avec des “têtes bien faites” aurait signifié pour lui trahir ses frères islamistes. Réformer la justice aurait signifié à ses yeux ne plus pouvoir l’instrumentaliser, l’utiliser et la mettre sous sa botte. Etait-ce seulement pensable ? Qui aurait alors donné à l’affaire éminemment politique dite du “8e congrès du FLN” un habillage pseudo juridique pour permettre au même Bouteflika de porter Abdelaziz Belkhadem au poste de secrétaire général du FLN aux lieu et place de M. Ali Benflis régulièrement élu en 2002 ? Comment ordonner à une justice indépendante de libérer un islamiste haineux, père d’un terroriste, poursuivi pour outrage à corps constitué ?

Comment organiser dans un palais de justice indépendant et des magistrats indépendants un procès d’une durée de trois mois destiné à montrer un Bouteflika combattant la corruption, tandis que de récents rebondissements de l’affaire en France révèlent aujourd’hui, qu’on est loin d’avoir percé tous ses secrets puisque l’un des frères de Abdelaziz Bouteflika n’était autre que l’avocat du groupe Khalifa ? Réformer la justice aurait alors signifié pour le même Bouteflika qu’un casting destiné à retenir les seuls lampistes dans ladite affaire eût été impossible. Passons sur ses multiples et répétitives violations au règlement du Conseil de la magistrature, sur les “exécutions” des magistrats rebelles.

Ces exemples — non exhaustifs d’un longue liste — ont pour objectif de démontrer que Abdelaziz Bouteflika n’a jamais eu la volonté politique — pas même l’intention — d’initier le changement qu’il avait promis en 1999. Cela induit la seconde remarque. 2) Après donc le séminaire ramadanesque et ministériel sur les “harragas” à l’hôtel Sheraton s’il vous plaît, voici qu’à 18 mois de fin de mandat — si sont état de santé lui permet d’aller jusqu’à 2009, Abdelaziz Bouteflika découvre un beau matin que la jeunesse algérienne est en péril.

Ce jour-là au Palais des nations, ce fut son “coup de cœur”, il lui fallait parler des jeunes. Dix minutes pour parler de ce problème épineux et complexe, c’est plutôt un record mais lorsqu’on est Abdelaziz Bouteflika, on peut tout faire. Y compris “liquider” la jeunesse en déclarant publiquement que l’Etat a échoué dans ce domaine, et qu’il est désolant de voir cette jeunesse manquer de patriotisme. Les solutions ? Les walis ont été sommés par Abdelaziz Bouteflika de faire, de tout faire, de bien faire pour les jeunes. Afin de ne pas être accusé de subjectivisme, voire de malhonnêteté intellectuelle, je dirais objectivement que la marginalisation de la jeunesse n’a pas commencé avec Abdelaziz Bouteflika.

Cependant, ayant été le premier ministre de la Jeunesse et des Sports en 1963 avant d’être nommé aux Affaire étrangères, l’on aurait pu attendre de lui plus d’attention et d’intérêt à l’égard de cette catégorie de la population algérienne. La jeunesse (ou les jeunesses) algérienne est-elle différente de celles qui vivent sous d’autres cieux ? Certainement pas. Elle veut étudier, être formée, travailler, être logée, être en bonne santé, se divertir, se cultiver, avoir des droits et pas seulement de devoirs. Lorsqu’elle ne peut plus fréquenter l’école, (exclusion, déscolarisation, etc.), elle rencontre mille et une difficultés à trouver une formation, et donc aucune chance à être retenue sur le marché du travail.

Lorsqu’elle est diplômée ce n’est guère mieux, car hormis de rares secteurs, l’on exige d’elle une expérience de cinq années. Comment peut-on être expérimenté sans apprentissage ? Si une mesure salutaire avait dû être annoncée au Palais des nations par Abdelaziz Bouteflika c’était celle de la suppression de cette exigence irréalisable pour un jeune diplômé de l’université : cinq années d’expérience (ou ayant reçu une formation). Décidément, si les politiques cessaient de s’enferrer dans des discours creux au profit du pragmatisme et de mesures concrètes, le pays se porterait certainement mieux. En outre, comment croire lorsqu’on a 20 ans, 30 ans, voire 40 ans (c’est encore très jeune) que l’espoir est permis quand on voit Abdelaziz Bouteflika faire appel à des collaborateurs, à des ministres, à des présidents d’institutions, dont l’âge varie entre 65 et 82 ans ?

Que dire de nos brillants cadres jeunes, partis définitivement vers d’autres cieux parce que marginalisés et mis à la retraite à 40 ans ? Se loger, se divertir, se cultiver sont-ils des droits reconnus aux jeunes ? Dans la Constitution certainement. Mais seulement dans la Constitution. Bien entendu j’entends déjà mes détracteurs dire : “Mais qu’a-t-elle donc fait lorsqu’elle était au ministère de la Jeunesse et des Sports ?” (1991/1992). Ce n’est pas à moi à le dire, cependant mes ex-collaborateurs peuvent témoigner puisque vivants, que j’ai compris au moins une chose : on ne peut parler de jeunesse sans associer celle-ci aux stratégies et politiques en faveur de celle-ci (ou de celle-ci car pour ma part je préfère parler de jeunesses au pluriel).

Et c’est ainsi que ces ex-cadres peuvent témoigner que des jeunes siégeaient dans les commissions, dans les comités, voire aux réunions présidées par le ministre et ils donnaient librement leurs opinions et appréciations dont il était tenu compte au moment de la prise de décision. Comment disserter sur la jeunesse entre “gens bien” enfermés dans leur bulle, sans la présence des jeunes ? Le Palais des nations serait-il trop beau, trop luxueux pour eux ? En outre quand un ministre est nommé à la tête du secteur, on ne le fait réagir que sur le football et ce n’est pas un hasard car les politiques en haut lieu préfèrent le ballon et ses embrouillaminis aux jeunes. Après avoir déclaré lors d’une émission radiophonique avec le sympathique Maâmar Djebbour en 1991/1992 : “Je refuse d’être le ministre du football”, j’étais loin de me douter du tollé politico-sportif que je venais de déclencher ! Comment croire à un ministère de la Jeunesse lors que seules les nouvelles non pas du sport mais uniquement du football font la une des médias ?

Ce sont les mêmes personnes, les mêmes discours, les mêmes luttes intestines et surtout les mêmes résultats : zéro depuis des décennies. Pourtant ce sont des jeunes, Hassiba Boulmerka, Noureddine Morcelli, qu’on ne juge plus utile d’honorer aujourd’hui qui ont porté très haut les couleurs de l’Algérie au moment où notre pays vivait des moments difficiles. Comment croire à un ministère de la Jeunesse lorsque avec Abdelaziz Bouteflika la valse des ministres nommés à ce secteur a consisté à le déstabiliser un peu plus ? Pour être efficace un ministre de la Jeunesse doit avoir le temps car par définition horizontale, son département a besoin de tous les autres (formation, travail, culture, santé, habitat, budget). Comment croire au discours de Abdelaziz Bouteflika lorsqu’on est jeune et que l’on a envie de créer un projet d’être entrepreneur ?

L’Ansej me rétorquerait-on. Sait-on seulement ce que cette invention étatique sous-tend comme difficultés bureaucratiques, dont l’obstacle du remboursement du crédit bancaire dans de très courts délais — lorsqu’on est au bout de ses peines évidemment — est une fin de non-recevoir qui ne dit pas son nom. Que dire de la santé, des loisirs des jeunes ? Aussi était-il besoin, était-il nécessaire pour Abdelaziz Bouteflika de “squatter” le Palais des nations dix minutes pour annoncer aux jeunes qu’il a échoué, lui, son gouvernement, ses walis et ses maires ? Certainement pas, car non seulement ces jeunes le savent et l’ont su bien avant ce jour, mais pis encore : ils n’attendent plus rien. Il est vrai qu’un adage dit : “Mieux vaut tard que jamais”, il est tout aussi vrai d’affirmer qu’il est déjà trop tard. Et Abdelaziz Bouteflika a reconnu son échec. N’attendez pas, n’espérez pas qu’il l’assumera. Il a fait mieux que cela : il a culpabilisé les jeunes et c’est la troisième remarque.

3) S’ils deviennent harragas, kamikazes, — y compris à quinze ans — c’est parce qu’ils manquent de patriotisme. Le désespoir, l’écœurement, l’envie de mourir à vingt ans sont donc un manque de patriotisme. C’est tout ce qu’a trouvé Abdelaziz Bouteflika pour retourner la situation en sa faveur. Mais qui donc donne l’exemple du patriotisme ? Lorsqu’on dit de son peuple “qu’il est médiocre” et qu’on lui confisque ainsi son histoire et son héroïsme est-on un exemple à suivre ? Lorsqu’on dit comme Abdelaziz Bouteflika que “s’il avait eu l’âge des terroristes, il aurait fait comme eux”, il dit clairement aux jeunes que leurs héros sont l’égorgeur de nourrissons et le kamikaze. Lorsqu’on fait d’un “émir” sanguinaire reconverti dans des affaires florissantes un amnistié, on dit aux jeunes que les valeurs du bien et du mal sont frappées d’obsolescence et que seul prévaut l’appât du gain, surtout l’argent sale. Est-ce par hasard que ces jeunes désœuvrés, délaissés, abandonnés à leur sort, ont créé leur propre langage dans lequel on trouve le mot “naviguer” (en franco-arabe de préférence) pour dire “se débrouiller pour gagner de l’argent par n’importe quel moyen ?

Comment faire croire aux jeunes que les choses vont changer pour eux lorsqu’au quotidien ils sont confrontés à l’injustice et au mépris des autorités ? Ou encore, lorsqu’on ne leur fait pas prendre conscience qu’un délit, un crime sont choses gravissimes et qu’on les gracie par fournées de 5 000, et 6 000 à l’occasion de fêtes religieuses ou nationales ? C’est bien ce qu’a fait Abdelaziz Bouteflika depuis son investiture. Pour être patriote, il faut avoir des exemples, des repères et surtout des héros auxquels on s’identifie. Abdelaziz Bouteflika l’a dit : “Lorsqu’on a vingt ans et aucun avenir on a l’exemple du harrag ou du kamikaze. Abdelaziz Bouteflika n’avait nullement besoin de nous le dire à partir du Palais des nations. Nous le savions déjà. Un échec de plus ou de moins… On aurait pu le croire s’il avait décidé ce jour-là de consacrer les 22 milliards de la rente affectés à la construction de la Grande Mosquée en 2013 à une authentique politique de la jeunesse ou des jeunesses.

Les Iraniens doivent nous construire l’œuvre qui devra rappeler la postérité de Abdelaziz Bouteflika (les Iraniens ça ne vous rappelle rien) et les jeunes attendront. D’ailleurs, ils n’attendent plus rien. Alors il faut seulement se dire que Abdelaziz Bouteflika a entendu faire une apparition après une longue éclipse pour échapper à la grisaille de son quotidien. Et pas plus les walis que ses propres collaborateurs n’ont cru évidemment à son discours sur la jeunesse. La preuve, son secrétaire particulier, M. Reggab Mohamed, se serait, selon les révélations d ’El Khabar (25 octobre 2007), page 31, présenté avec succès au concours d’accès à la fonction de notaires à l’insu de son président.

Ce qui aurait retardé l’annonce publique toujours, selon El Khabar, des reçus par le ministère de la Justice lorsqu’un des plus proches collaborateurs de Abdelaziz Bouteflika prépare son avenir professionnel que doit-on comprendre et quel message doit-on décoder ? Reste à savoir comment ce haut fonctionnaire s’est vu reconnaître le droit de concourir, sans démissionner de son poste actuel. Mais dans un Etat où le qualificatif de déliquescent n’est pas excessif faut-il encore se poser des questions ?

Leïla Aslaoui