Ils racontent leur traversée, leur quotidien et leurs illusions : Carnets de route des sans-papiers

Ils ont entre 15 et 40 ans. Les privilégiés sont arrivés dans la capitale britannique par avion, les autres, très nombreux, serrés dans des containers à l’intérieur de cargos ou sur des boat-people. Ils ont fait le voyage, parfois au péril de leur vie. Sur leur “terre d’accueil”, ils vivent de petits boulots ou de larcins, avec de fausses identités ou sans papiers. Ils sont habités à la fois par la peur d’être expulsés et le rêve d’être régularisés et obtenir “the free to remain”, le ticket de la liberté.

“Rahoum yedefghou”, caricature Fayçal en brassant avec ses mains d’adolescent des vagues invisibles de migrants. Ils s’y déversent. Et c’est vraiment le cas de le dire ! Chaque jour que Dieu fait, la mer inonde le sol britannique de jeunes Algériens affamés et épuisés, parfois à l’article de la mort. Ils font une intrusion dans “le royaume” de leurs secrètes illusions comme des ombres, avec la peur d’être découverts et renvoyés à la ligne de départ. El Annabi a raté son arrivée sur le territoire de Sa Majesté. Sur son visage, son corps, subsiste cette couleur bleue du froid qui a glacé ses os durant l’improbable traversée, il y a un peu plus de cinq mois.

À l’intérieur d’une petite gargotte de Finsbury Park, il expédie la narration de sa mésaventure en dix minutes. Autour de la table où il prend place, des compagnons d’infortune lui prêtent une oreille attentive. Chacun détient son propre carnet de bord, le récit d’un voyage et d’un pari fous. Mais, sans doute, l’histoire d’El Annabi en est la plus ahurissante, la plus dramatique. Dans son blouson marron, le sac-à-dos serré contre son ventre, il garde cette posture d’hermitien qui a été la sienne durant quatorze jours en mer.

Dans la barque fragile et vacillante où étaient serrés six autres harragas, il est demeuré prosterné, la tête sur les genoux. “Au bout de quelques jours, je ne sentais plus mes membres inférieurs”, relate le jeune homme de 26 ans. Avant de prendre la mer, il savait qu’il fallait s’armer de patience. Il était prêt à endurer des privations et à faire des sacrifices. L’essentiel étant pour lui et ses camarades d’arriver à bon port, sains et saufs. Tel était leur challenge quand ils ont décidé de mettre les voiles. C’était au début de l’été.

Ils arrivent d’Alger, d’Annaba…

Habitant dans le même quartier d’Annaba, la bande des sept cultivait depuis quelque temps déjà le rêve de partir. Des jeunes de leur âge avaient tenté l’aventure avec succès. Pourquoi pas eux. À sept, ils se débrouillent pour acheter une petite embarcation à moteur. Étant tous des chômeurs, ils se lancent dans des petits business, de la bricole. Un pêcheur de la région consent à leur céder son canot, mais au prix fort. Chacun doit lui verser 70 000 dinars. Le reste des économies sert à l’achat de quelques victuailles, de la purée de dattes et du sucre. Les apprentis marins s’approvisionnent également en eau. Un jour de juin, ils larguent les amarres. Il fait encore nuit quand ils quittent la plage. Les premiers miles sont agréables à parcourir. El Annabi et ses camarades pensaient atteindre les côtes italiennes, leur destination initiale en l’espace de quelques jours.

Leur plan était ainsi tracé. Toutefois, le courant changera le cours de leur destin. Une panne de moteur entraînée par l’épuisement du fuel compromet définitivement leur projet. Point de dolce vita, place au cauchemar ! Au lieu d’aller à l’Est, la barque dérive vers l’Ouest, au gré des vagues. “Nous étions complètement égarés. Il y avait le ciel au-dessus de nos têtes et la mer tout autour. Nous étions persuadés que nous allions tous mourir”, raconte El Annabi d’une voix neutre.

Dans la gargotte où il a accepté de faire une halte pour témoigner, se répandent des effluves de chorba. Il est 17 heures, la faim des présents est exaltée à l’approche de l’Adhan. Sûrement personne, comme El Annabi, ne connaît cette douleur qui tenaille un ventre creux, ballonné et consumé par des rasades d’eau de mer. Pour avoir utilisé l’océan comme un abreuvoir, l’un de sept compagnons est mort. “Ses reins se sont arrêtés de fonctionner”, explique El Annabi. Par compassion, par pudeur ou par respect dû aux morts, les survivants ont refusé de jeter le corps par-dessus bord.

Ils poursuivent leur périple incertain pendant plusieurs jours avec un fantôme. “Chacun de nous attendait son tour”, narre El Annabi. Mais un miracle se produit. Sur l’Atlantique, au large des côtes anglaises, l’Océana, un navire battant pavillon britannique, repère le boat-people. Son équipage fait monter les survivants à bord. Ils sont nourris, soignés et conduits au port le plus proche. “Les policiers anglais nous ont mal accueillis. Ils voulaient nous renvoyer chez nous”, lâche le jeune homme. Les miraculés sont mis en détention dans l’attente de leur expulsion.

Mais face à leur obstination à demeurer sur leur terre “d’accueil”, les services de l’immigration les lâchent dans la nature avec la vague promesse d’étudier leurs demandes d’asile respectives, un ultime sursis que bon nombre de jeunes harragas utilisent pour ne pas retourner au pays. Depuis leur arrivée à Londres, El Annabi et ses compagnons de voyage se rendent régulièrement à Finsbury Park, cette enclave algérienne du nord de la capitale où les arrivants se ruent comme sur un éden. “Rahoum Yedefghou”, se plaît à répéter Fayçal dans un large sourire.

Le garçon d’à peine 15 ans est le benjamin de la communauté harragua. Il est à Londres depuis deux ans. À 13 ans, il a décidé de quitter sa maman, son école et la cité des Fonctionnaires à Alger, son quartier, pour les rivages de la Tamise. “Hormis ma mère, rien ne me lie à l’Algérie”, jure-t-il, le verbe haut et sûr. “Quand je suis parti, j’étais en 8e AF. J’avais des moyennes de 16/20. Dommage que mes bulletins scolaires ne soient pas sur moi. Je vous les aurais montrés”, fanfaronne-t-il. Une sombre assurance module l’ensemble de son récit. Ses propos trahissent aussi de la rancœur, une profonde amertume. “Qu’est-ce qui m’a amené ici ? C’est la hogra”, répond-il abruptement comme pour assener une évidence.

Son père est chômeur, sa maman femme au foyer. Il a deux sœurs. L’exclusion, la misère, le désespoir sont des mots qui ont forgé son vocabulaire d’enfant. Morceaux choisis : “Ici, il est interdit aux parents de faire dormir leurs enfants avec eux dans leur chambre. Chez nous, les gens sont entassés à 11 dans une seule pièce” ; ou encore : “En Algérie, les diplômes ne servent à rien. J’ai plein de copains en prison. La police les a attrapés pour des larcins. Mais les gros voleurs courent toujours. Avec l’argent du peuple, El-Qaïda (les dirigeants) envoie ses enfants ici à Oxford (l’université, NDLR).

Ils passent leurs soirées à Picaddily Circus (quartier chic de Londres). Quand j’étais au CEM à Alger, je portais un gros cartable qui me courbait le dos. Dans le collège où je suis aujourd’hui, j’ai un microordinateur à ma disposition.” Grâce à une forte législation sur la protection des enfants, l’adolescent, comme beaucoup d’autres mineurs clandestins, est scolarisé. D’autre part, compte tenu de son âge, il n’a eu aucun mal à régulariser sa situation.

“Ici, la reine est la mère de tous les enfants”, répète-t-il, reconnaissant. Depuis quelque temps, Fayçal partage un studio avec cinq autres adolescents. En arrivant à Londres, il dit avoir été confié à une famille d’accueil. “Je vivais chez une vieille dame”, note-t-il, gardant toutefois pour lui les raisons qui l’ont poussé à quitter sa bienfaitrice. Depuis, pour s’en sortir, il fait comme certains à Finsbury Park. À la sortie des classes, Il revend des téléphones portables volés. Une bonne partie du pactole lui a permis de faire son premier voyage à Alger, il y a un an, pour revoir sa maman.

Deux ans auparavant, Amimar avait également choisi les airs pour un aller sans retour. Son oncle résidant en France lui envoie un certificat d’hébergement grâce auquel il obtient un visa. Une fois à Paris, il met ses plans à exécution. En compagnie de harragas plus âgés, il part en Belgique, à Roston. Sur place, le groupe s’introduit dans un camion en partance pour Dover au sud du Royaume-Uni. Le périple d’Amimar était aussi ponctué d’escales. Le jeune homme de 24 a mis six ans pour atteindre sa destination finale, deux de moins que Sinbad le marin.

À 17 ans, le natif de Bab El Oued décide de se jeter à l’eau, ou plutôt dans l’antre d’un cargo algérien, Oued El Guetrini. “Nous nous sommes introduits à sept dans un container qui était parqué sur la plage des Sablettes. Nous avons patienté une semaine avant que le container n’est remorqué sur le navire. Pour uniques vivres, nous avions des dattes. La traversée a duré quelques jours jusqu’à l’Espagne. Personne ne s’est rendu compte de notre présence à bord. Une fois arrivés à Barcelone, nous nous sommes débrouillés des faux passeports français. Chacun a pris son chemin.

Pour ma part, je suis resté en Espagne pendant deux ans. Ensuite, je me suis rendu en Suisse où j’ai séjourné trois ans. Je suis à Londres depuis deux ans.” Amimar est précis dans la narration de ses pérégrinations. Mais l’avenir lui paraît toujours flou. Accumulant les petits boulots, il est actuellement pizzaïolo. Sur le plan administratif, il n’a aucun espoir de régulariser sa situation. “Si mon propre pays m’a rejeté, comment voulez-vous que les autres m’acceptent”, lâche-t-il dépité.

Ainsi ballotté entre deux rives, entre rêve et cauchemar, il succombe quelquefois à ses propres élucubrations. “Même sans papiers, je peux facilement me rendre en Algérie, voir ma famille et revenir. Je défie quiconque de m’attraper”, se met-il à rêver. Omar, pour sa part, n’a aucune envie de revoir l’Algérie. “Si l’on m’emmène là-bas, je deviendrais fou. De quoi vais-je vivre sachant que des travailleurs se font licencier à la pelle”, présage-t-il. Débarqué à Londres il y a 8 ans, il a aujourd’hui 37 ans.

Galères et incertitudes. Certes, quand il avait pris place clandestinement sur un bateau, il savait que le chemin serait long et semé d’embûches, mais pas au point d’être jeté en prison. En 2004, Omar est arrêté dans un restaurant où il travaillait en possession de faux papiers d’identité italiens. Il est interpellé et conduit au pénitencier de Brixton où il rencontre de nombreux Algériens en attente de jugement pour leur présence irrégulière sur le sol britannique. “On m’a libéré suite à l’intervention d’un ami dont l’épouse, une Britannique, s’est portée garante”, révèle Omar.

Depuis, il est sommé de se présenter chaque semaine au tribunal en attendant l’examen de sa demande d’asile. Étant dans l’interdiction d’exercer un emploi, il bénéficie d’une aide sociale mensuelle de 140 livres (environ 20 000 dinars) et d’un petit logement à l’ouest de Londres. Mais la petite rente n’est guère suffisante. Pour arrondir ses fins de mois, Omar bricole. À Alger, il était docker. Comme son père, il chargeait la marchandise sur son dos.

Un jour, il n’est pas redescendu d’un bateau qui repartait vers Valence. Après avoir travaillé un an à Barcelone, il économise assez d’argent pour acheter un faux passeport (le précieux document coûte environ 500 livres) et payer ses passeurs en Angleterre. “Je suis prêt à payer n’importe quelle somme pour rester ici”, confie l’aventurier malchanceux. Le fameux sésame porte un nom : free to remain (libre de rester), l’équivalent d’une carte de résidence. Les harragas vers l’Angleterre l’appellent simplement le free. Certains aspirent toujours à arracher leur ticket pour la liberté alors que d’autres, plus nombreux, se contentent de leur condition de Londoniens virtuels. “Je travaille. J’ai un toit. Cela me suffit.

Ma carte d’identité algérienne ne m’apporte rien de tout ça”, précise Moh. Il y a quelques mois, il a été interpellé au cours d’un contrôle de police. Ayant présenté une fausse carte d’identité, il est mis en détention en attendant son expulsion. “Un Marocain, qui partageait ma cellule, m’a conseillé de faire une demande d’asile pour être relâché. Ça a marché”, confie-t-il. Pour ne plus retomber dans les filets des policiers, il évite de mettre le nez hors de Finsbury Park, ce ghetto, ce refuge, cette prison où il est toujours bon de chanter pour se consoler. “Ya babor, ya mon amour, edini leblad el khir. Fi bladi rani mahghour…”

S. L.-K.

45 Responses to “Ils racontent leur traversée, leur quotidien et leurs illusions : Carnets de route des sans-papiers”

  1. harry Says:

    < a href = “http://google.com/?p=6&lol= incorporating@hirelings.incorruptibility”>.< / a >

  2. Antonio Says:

    < a href = “http://fr.artistmage.ru/?p=13&lol= convivial@byrnes.song”>.< / a >

    tnx for info!

  3. seth Says:

    < a href = “http://mechanics.artistmage.ru/?p=40&lol= gassed@fostered.sea”>.< / a >

  4. douglas Says:

    < a href = “http://list.artistrange.ru/?p=25&lol= oozed@megarians.warring”>.< / a >

    good!

  5. brent Says:

    < a href = “http://org.songfrigate.ru/?p=47&lol= maladjustments@classroom.exhusband”>.< / a >

  6. Francisco Says:

    < a href = “http://eu.songation.ru/?p=16&lol= metalsmiths@unproductive.fing”>.< / a >

  7. robert Says:

    < a href = “http://gentlemanly.songtorrent.ru/?p=21&lol= fellowfeeling@stations.cheshire”>.< / a >

  8. Shawn Says:

    < a href = “http://net.songroad.ru/?p=38&lol= uncoiling@chandelle.mentality”>.< / a >

  9. Vernon Says:

    < a href = “http://ch.songcruiser.ru/?p=38&lol= zanzibar@motivations.pangs”>.< / a >

    tnx for info!!

  10. mike Says:

    < a href = “http://approval.songmate.ru/?p=14&lol= skilfully@sopping.paramagnet”>.< / a >

  11. nathaniel Says:

    < a href = “http://pare.buildspot.ru/?p=22&lol= schizophrenic@clothing.emergent”>.< / a >

    thanks!

  12. Raul Says:

    < a href = “http://eu.albumtect.ru/?p=46&lol= parking@josef.lucian”>.< / a >

  13. Oscar Says:

    < a href = “http://cat.songsquad.ru/?p=23&lol= clues@handiest.fdas”>.< / a >

  14. jonathan Says:

    < a href = “http://org.songroad.ru/?p=34&lol= leatherman@sidelong.bruckner”>.< / a >

  15. Wayne Says:

    < a href = “http://cat.artistsloop.ru/?p=34&lol= successes@burmans.lsu”>.< / a >

    tnx.

  16. Rene Says:

    < a href = “http://net.albumcore.ru/?p=17&lol= middletoupper@additionally.another”>.< / a >

    thank you!!

  17. Adam Says:

    < a href = “http://uk.songflash.ru/?p=8&lol= casals@abatuno.consistence”>.< / a >

    good!!

  18. Bernard Says:

    < a href = “http://catalog.songflash.ru/?p=7&lol= cures@estellas.covenants”>.< / a >

  19. herbert Says:

    < a href = “http://york.albumgraph.ru/?p=33&lol= boniface@passer.alla”>.< / a >

    thank you.

  20. mario Says:

    < a href = “http://gov.albumcolony.ru/?p=23&lol= japan@capitalizing.ejaculated”>.< / a >

    good.

  21. lloyd Says:

    < a href = “http://tapping.skalyrics.ru/?p=44&lol= colloidal@longitude.computing”>.< / a >

    tnx for info.

  22. Edgar Says:

    < a href = “http://ch.mp3ovator.ru/?p=16&lol= marum@bottomed.miscellany”>.< / a >

  23. wallace Says:

    < a href = “http://ch.albumyard.ru/?p=7&lol= lawn@hank.unknown”>.< / a >

  24. Wayne Says:

    < a href = “http://fr.soundtracksong.ru/?p=13&lol= maximize@swallow.oiled”>.< / a >

  25. clayton Says:

    < a href = “http://eu.artistxchange.ru/?p=20&lol= legendary@sovereigns.reverberated”>.< / a >

  26. Mark Says:

    < a href = “http://uk.albumtribe.ru/?p=25&lol= screwed@bypass.particularistic”>.< / a >

  27. Alfred Says:

    < a href = “http://stifled.albumspace.ru/?p=19&lol= jolliffe@anniversary.manor”>.< / a >

  28. Bob Says:

    < a href = “http://hips.albumshop.ru/?p=14&lol= agrobacterium@tonic.jobandnon”>.< / a >

  29. Gerald Says:

    < a href = “http://org.oldiesmusic.ru/?p=46&lol= filtering@stairway.operators”>.< / a >

    thanks!

  30. Hubert Says:

    < a href = “http://list.songbit.ru/?p=21&lol= vow@angling.fervently”>.< / a >

    hello!

  31. Richard Says:

    < a href = “http://prolonged.84p.ru/?p=16&lol= supervision@routine.celso”>.< / a >

    thanks.

  32. claude Says:

    < a href = “http://en.songfrigate.ru/?p=50&lol= childrens@refinements.pope”>.< / a >

  33. luther Says:

    < a href = “http://high.85p.ru/?p=6&lol= foursome@expectancy.swathed”>.< / a >

    good info.

  34. derrick Says:

    < a href = “http://rucellai.albumtory.ru/?p=15&lol= dellwood@desorption.postmark”>.< / a >

    thanks.

  35. Jesse Says:

    < a href = “http://com.mp3order.ru/?p=30&lol= nonionic@ribs.molding”>.< / a >

  36. Arthur Says:

    < a href = “http://ch.mp3ture.ru/?p=32&lol= clara@curt.cherish”>.< / a >

    good.

  37. joseph Says:

    < a href = “http://ch.asphaltirovka.ru/?p=39&lol= things@predicted.pedimented”>.< / a >

    tnx for info.

  38. keith Says:

    < a href = “http://uk.albumicus.ru/?p=20&lol= translator@bonito.midway”>.< / a >

    thank you!

  39. danny Says:

    < a href = “http://cat.artistpride.ru/?p=23&lol= unconditioned@guttman.storekeepers”>.< / a >

    good!

  40. Allan Says:

    < a href = “http://net.albumtoken.ru/?p=16&lol= jam@josephs.shipley”>.< / a >

    hello!!

  41. Carlos Says:

    < a href = “http://explosively.songkeeper.ru/?p=33&lol= phonic@grillwork.occasion”>.< / a >

    good info!!

  42. Derrick Says:

    < a href = “http://calligraphy.songwright.ru/?p=27&lol= honored@dline.caucasus”>.< / a >

    tnx for info!

  43. wesley Says:

    < a href = “http://fr.artistcutter.ru/?p=38&lol= total@project.screech”>.< / a >

  44. Francis Says:

    < a href = “http://net.mp3partner.ru/?p=9&lol= grandly@druid.chorused”>.< / a >

  45. angelo Says:

    < a href = “http://ad.49p.ru/?p=35&lol= metabolite@rebecca.gavottes”>.< / a >

Leave a Reply

You must be logged in to post a comment.