PÊCHE À LA DYNAMITE À ORAN : Un désastre écologique

Les récentes échouages de plusieurs centaines de kilos de poissons au large des plages de Bousfer, d’El Ançor et des Andalouses confirment que la mafia de la pêche recourt aux explosifs.

Un vent de révolte gronde parmi les marins pêcheurs lesquels ont décidé de briser la loi de l’omerta qu’ils s’imposent pour ne pas s’attirer les foudres de la mafia de la pêche à la dynamite.

Ils accusent ouvertement certains de leurs collègues de “faire dans la pêche de la honte” en ayant recours aux explosifs pourtant interdits par la loi. Visiblement courroucés, des dizaines de pêcheurs comptent bien faire entendre leur voix en dépit de la frilosité qui semble frapper certains responsables locaux.

“Si nous avons décidé de parler, c’est parce que nous sommes en colère contre tous ceux qui ferment les yeux sur la pêche à la dynamite”, s’offusquent des pêcheurs “traditionnelles”. Constatant que cette forme de pêche se généralise, des marins pêcheurs tentent d’alerter les responsables sur la gravité de cette situation qui les menace directement.

Les récents échouages de plusieurs centaines de kilos de poissons au large des plages de Bousfer, d’El Ançor, des Coralès et même des Andalouses, ajoutent à l’inquiétude de ces pêcheurs déterminés à se battre jusqu’au bout. “De patrons de chalutiers et de sardiniers balancent des kilos de dynamite au fond de la mer. Les poissons touchés par la déflagration remontent à la surface où ils sont récupérés par les marins”, déplore un vieux routier de la pêche.

Selon lui, la pêche aux explosifs ne date pas seulement d’hier, mais remonte à des années. “C’est un secret de polichinelle dans la mesure où tout le monde est au courant de cette pratique. Par beau temps, on peut même entendre les détonations de la dynamite en haute mer”, affirme notre interlocuteur. Les poissons “dynamités” sont facilement reconnaissables à leurs vertèbres éclatées et à la couleur violacée de leurs ouïes. Leurs nageoires caudales et dorsales sont légèrement brûlées par les effets de la dynamite et leurs globes visuels sont exorbités.

Les rejets des poissons par la mer sont découverts par les riverains au petit matin, frottant au gré des vagues. Au large des îles Habibas et de l’île Plane, des pêcheurs avertis ont décelé des traces de dynamitage causées à l’environnement faunique et floral de cette région poissonneuse particulièrement prisée par les “pirates” de la pêche à la dynamite. Procédé illégal, interdit par la loi algérienne, la pêche aux explosifs provoque des dommages majeurs aux fragiles récifs de coraux. Les détonations et les vibrations produites par les explosifs endommagent le système auditif de nombreux mammifères marins, à l’exemple des dauphins. La pêche à la dynamite met en péril la richesse de la faune et de la flore aquatiques dans les endroits où elle est pratiquée.

Elle tue les jeunes poissons, les œufs, les coraux, les planctons et les algues. “La pêche à la dynamite est un fléau pour les écosystèmes marins au même titre que la pollution et le réchauffement de la planète”, observe ce membre du mouvement associatif écologique. Il ne reste plus que quelques centaines de phoques moines dans le monde. Or, aux îles Habibas, on estime qu’ils sont une trentaine. Mais pour des raisons liées à la pêche aux explosifs, le nombre de ces mammifères marins risque encore de diminuer. Dans le monde entier où il vit encore de nombreux facteurs menacent le phoque moine : pêche à la dynamite, pollution et urbanisation des côtes.

Contacté par nos soins, le directeur de l’environnement a condamné avec véhémence cette pratique. “Nous sommes contre ce type de pêche qui nuit autant à la biomasse qu’à l’environnement qui ne supporte pas ces procédés illégaux et répréhensibles.” À ses yeux, c’est à l’inspection de la direction de la pêche qu’échoit la mission de contrôle en milieu marin, et partant, définit les moyens régissant la pêche. M. Ghezli abonde dans le même sens en lançant un cri de détresse pour la sauvegarde de l’écosystème qui risque d’être endommagé. “À notre niveau, nous agissons par des campagnes de sensibilisation à l’endroit des citoyens et des pêcheurs.

C’est à ces derniers de s’organiser en corporation pour défendre leur gagne-pain tout en observant le milieu marin des appétits des pêcheurs à la dynamite”, ajoute note interlocuteur. Fait notable, aucune plainte contre les pêcheurs à la dynamite n’est parvenue à la direction de la pêche. Contacté par nos soins pour de plus amples informations, la direction de la pêche n’a pas souhaité s’expliquer sur ce sujet.

Selon des informations concordantes, une campagne de sensibilisation doit être menée par la wilaya d’Oran en perspective d’une stratégie pour la protection de la faune et la flore marines et l’interdiction formelle de la pêche à la dynamite. Le mouvement associatif directement impliqué par la sauvegarde de l’écosystème marin et la préservation de la faune et de la flore marines en appelle aux autorités locales et centrales.

Des rencontres entre le mouvement associatif, la direction de la pêche, les services de sécurité, les gardes-côtes et les représentants des marins pêcheurs doivent impérativement et régulièrement avoir lieu si l’on veut éviter un désastre à notre environnement marin. La sonnette d’alarme est à présent tirée.

K. REGUEIF-YSSAAD

One Response to “PÊCHE À LA DYNAMITE À ORAN : Un désastre écologique”

  1. javier Says:

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    thanks!!

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